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jeudi 12 décembre 2013

Anaflammes




2014 : La nuit

2014 : La nuitZazie Mode d’Emploi vous invite à triturer, malaxer, détourner, frelater, métamorphoser, calligraphier, traduire, remanier, mettre en musique, travestir ou bande-dessiner cet extrait de Mek-Ouyes chez les Testut, paru dans Mek-Ouyes amoureux chez P.O.L. en 2006. L’histoire remonte à 2004, en direct l’ultime combat du personnel : « Les constructeurs de balances de l’usine béthunoise ont lutté, pied à pied, coude à coude et la main dans la main pour que la fermeture de leur usine ne signifie pas, dans la foulée, celle de leur gueule » rapporte le camarade Jouet, feuilletoniste, dramaturge, romancier, voyageur et poète aux sources d’une œuvre diluvienne.
– La nuit... Quand nous aurons allumé le feu, nous ne pourrons plus voir la nuit. Quand il y a le feu, il n’y a plus que le feu qui compte. Le feu est un hypnotiseur. Ce soir, regardez, le ciel a chassé tous ses nuages pour nous ! Il a fixé au plafond ses punaises de cuivre, avec une lune élégante en arrondi d’ongle soigné. Il n’en fait que plus frisquet, bien sûr, mais on respire, mais on s’aère, c’est les vacances et le camp de vacances ! C’est vrai qu’il manque la mer, mais le ciel n’est pas mal non plus comme image de l’infinitude. On ne s’attendait pas à partir en vacances aussi vite, et peut-être aussi longtemps. Regardez cette étoile, je la vois, tu la vois, et pourtant elle n’existe plus, s’il faut en croire les affaires de vitesse de la lumière.

http://zazipo.net/

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Anaflammes.

Je fis un feu
L'espoir m'ayant abandonné
Un feu pour ne plus voir la nuit
Un feu pour nous hypnotiser
Dans la nuit de l'entraide.
Je lui donnai ce que la lutte
M'avait donné,
Le feu cuivré des boulons au plafond,
Le feu glacé de la nuit ciel de lit,
Un feu pour oublier qu'il fait frisquet
Un feu pour la solidarité
Un feu pour s'aérer
Un feu pour respirer.

Je vécus en sursis
Lui donnant
La mer et  son  absence,
Le  camping en avance,
Le ciel , signe d'infinitude.

Je leur donnai
Une étoile allumée,
Une étoile oubliée,
Une étoile éclipsée,
Une étoile mort-née,
Aux compagnons de solitude

Miss Yves, 

à la manière de :
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Je fis un feu,
L’azur m’ayant abandonné,
Un feu pour être son ami,
Un feu pour m’introduire
Dans la nuit de l’hiver.
Un feu pour vivre mieux.
Un feu pour vivre mieux.
Je lui donnai ce que le jour
M’avait donné,
Les forêts, les buissons,
Les champs de blé, les vignes,
Les nids et leurs oiseaux,
Les maisons et leurs clefs,
Les insectes, les fleurs,
Les fourrures, les fêtes.

Je vécus au seul bruit
Des flammes crépitantes,
Au seul parfum de leur chaleur.
J’étais comme un bateau
Coulant dans l’eau fermée,
Comme un mort je n’avais
Qu’un unique élément.

Paul Eluard
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