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samedi 1 décembre 2012

Greffes et griffes

http://www.oulipo.net/contraintes/docs/alexandrin_greffe
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Greffes et griffes

On n'entend plus guère le repasseur de couteaux
le réparateur de porcelaines le rempailleur de chaises

Faire-savoir nos savoir-faire:
C'est un devoir qu'il ne faut taire,
Voilà le trésor, le souci
Des équipes des aciéries.


Petit mercier, petit panier !
Pourtant si je n’ai marchandise
Qui soit du tout à votre guise,
Ne blâmez, pour ce, mon métier.


Cambrai, délicieuses bêtises,
Calissons d'Aix pour gourmandises;
Alençon,Chantilly, Calais,
Dentelle aux marches du palais;


On n'entend plus guère que les discours  qui bafouillent
des I-phones des radios  et des télés


Bottée à Fougères, à Romans,
A Millau, j'enfile des gants;
A Grasse, bouquets  à l'envi; 
Une autre vie pour Lejaby;

Je gagne denier à denier,
C’est loin du trésor de Venise,
Petit mercier, petit panier !
Pourtant si je n’ai marchandise...

Rillettes du Mans et rillons,
Protégeons l'art des vignerons;
Juteux melons de Cavaillon, 
Primeurs de Saint-Pol de Léon;


On n'entend plus que le  faible aye aye ouye ouye
cri de l'ouvrier écrasé

Mandelieu et ses mimosas,
*"Queues de sardines "sur des bas,
D'ateliers en manufacture,
Que ce savoir-faire perdure!

Et tandis qu’il est jour ouvrier,
Le temps perds quand à vous devise :
Je vais parfaire mon emprise
Et parmi les rues crier :
Petit mercier, petit panier !

Miss Yves
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*Queues de sardine:
Marque de collants créés et sérigraphiés à Bricquebec (Manche) ..................................................................................................................
Poème personnel  greffé sur deux textes:
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Petit mercier! Petit panier!
Pourtant si je n'ai marchandise
Qui soit du tout à votre guise,
Ne blâmez pour ce mon métier.

Je gagne denier à denier,
C'est loin du trésor de Venise,
Petit mercier! Petit panier!
Pourtant si je n'ai marchandise
Tandis qu'il est jour ouvrier,

Le temps perds quand à vous devise:
Je vais parfaire mon emprise
Et parmi les rues crier:
Petit mercier! Petit panier!
 
Charles d'Orléans
1394-1465
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Cris de Paris
On n'entend plus guère le repasseur de couteaux le réparateur de porcelaines le rempailleur de chaises on n'entend plus guère que les radios qui bafouillent des tourne-disques des transistors et des télés ou bien encore le faible aye aye ouye ouye que pousse un piéton écrasé
Raymond Queneau 

4 commentaires:

  1. Superbe Miss Yves, Superbe!
    Et dire que j'entendais encore le rémouleur passer dans ma petite rue de Neuilly au tout début des années 80 et que je descendais de mon cinquième avec mes petits couteaux de pacotille seulement pour le plaisir...

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  2. Thérèse: personnellement, j'ai le souvenir,le dimanche matin du marchands de peaux de lapins, dans ma prime enfance.
    C'était un cri un peu lugubre!

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  3. Il me faudrait bien reflechir avant d'acheter des peaux de lapin... je me demande ce que tu pouvais penser en entendant ce marchand et en apprenant ce qu'il faisait? Ou cela ne restait qu'un passage comme un autre, un bruit d'enfance normal comme un autre...

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  4. Thérèse: On n'imagine plus cela de nos jours!
    Je trouvais cela bizarre, si je me souviens bien, j'avais demandé des explications à ma mère, après quoi , c'est devenu comme un bruit de fond, qui revenait régulièrement le dimanche matin

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