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samedi 15 octobre 2011

A la manière de ...V.Hugo, Les Djinns



A la manière de V. Hugo, Les Djinns (strophes 1 à 7)

Heathcliff

Terre, ifs
Et rocs,
 Abris
 Des coqs,
Bruyère
Où errent
Les corps
Des morts.

Dans la lande
Naît un cri.
C'est la haine
D'un maudit.
Il réclame
Une femme
Que le drame
Toujours suit.

Le cri plus grave
S'enfle en écho.
D'un vent qui râle
C'est le héraut.
Il siffle et danse
En déshérence
Sur un vieux tremble
Secoue le Haut.

La foudre s'entête,
La pluie la relaie.
C'est sur la fenêtre
Des coups de bélier,
C'est un fil de pluie
Qui coule et s'infiltre
Qui grossit, persiste
Et frappe la vitre .

Dieu! La voix stridulante
D'Heathcliff!- Quel noir  il fait!
Lisons dans la tourmente
Hurlemont en bédé!
Soudain l'éclar diffus
Et le tonnerre aigu
Font sauter qui a lu
Le roman d'E. Brontë.

C'est le destin d'Heathcliff-Las !
Lui claironne le serment
De déposséder la race
D'Earnshaw, le Maître d'antan.
Sans remords, sourd et avide,
Ployant sous sa loi rigide
Ensemble Hindley, Catherine,
Sans pitié pour leurs enfants .

Il est tout près!-Tenons fermée
La fenêtre où nous relisons.
Qui prie dehors ?Triste croisée
De soupirs et de passions.
Le cadre de bois descellé
Laisse passer la main glacée
Et la plainte d'âme égarée
Dans le vent étouffe le gong .

S T C H M M Y
(Miss Yves )

....................................................................................................................................................................
Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit.

La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

La rumeur approche,
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s'écroule
Et tantôt grandit.

Dieu! La voix sépulcrale
Des Djinns!... - Quel bruit ils font!
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond!
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe..
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Ils sont tout près! - Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
Quel bruit dehors! Hideuse armée
De vampires et de dragons!
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.

Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L'horrible essaim, poussé par l'aquillon,
Sans doute, o ciel! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!

Prophète! Si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs!
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs!

Ils sont passés! - Leur cohorte
S'envole et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés!

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît.
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

D'étranges syllabes
Nous viennent encor.
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leur pas;
Leur essaim gronde;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord;
C'est la plainte
Presque éteinte
D'une sainte
Pour un mort.

On doute
La nuit...
J'écoute: -
Tout fuit,
Tout passe;
L'espace
Efface
Le bruit.

Victor Hugo

2 commentaires:

  1. Parfaite lecture en cette periode d'Halloween chez nous...
    Quel souffle, quelle inspiration!

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  2. Thérèse: je me suis limitée aux sept premières strophes, car le texte initial de H Matthew(que tu as lu précédemment) reste sur une note de tension

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